Ne pas pouvoir faire son travail correctement, quelles conséquences?

Marie Pezé

Docteur en Psychologie, psychanalyste, ancien expert judiciaire, Responsable du réseau de consultations « Souffrance et Travail »

« Le travail est une rencontre entre qui nous sommes et ce qu’on nous donne à faire. si le travail peut être un puissant opérateur de construction de la santé,  il comporte aussi une dimension de souffrance et peut porter atteinte à notre santé. »

En échange de leurs efforts, des risques qu’ils prennent, de l’intelligence qu’ils mettent en œuvre, de la souffrance qu’implique la confrontation à l’organisation du travail et aux rapports sociaux de travail, les salariés attendent essentiellement une reconnaissance, une rétribution morale, une dimension morale et symbolique, qu’on reconnaisse la qualité de leur travail, la qualité de leur contribution. Cette reconnaissance passe éventuellement par des primes, des avancements, des salaires mais l’impact psychologique est fondamentalement lié à la dimension symbolique.

La reconnaissance du travail suppose de nombreuses conditions :

  • Que le travail réel soit visible par la hiérarchie, la direction, l’usager, les collègues. Ce n‘est jamais le cas, vous l’avez compris puisque l’organisation du travail ne veut rien savoir de ce que nous rajoutons à la prescription et que nous travaillons par corps.
  • Que ce travail soit évalué, jugé non pas sur des critères financiers ou d’objectifs de rentabilité à atteindre, non pas sur des caractéristiques personnelles, des « savoir-être », une aptitude à la soumission, des qualifications ou savoirs théoriques, le respect formel des procédures et des normes, mais bien sur son utilité au regard du but du travail.
  • Que ce travail soit jugé, évalué par les pairs, les collègues au regard des valeurs d’une profession.