OBJET:          Nomination de M. Barroso en tant que conseiller et président non exécutif des activités internationales auprès de la banque d’affaires internationale Goldman Sachs

 

Monsieur le Président,

Par notre courrier du 12 juillet, nous avions attiré votre attention sur le caractère inacceptable de la nomination de M. Barroso en tant que conseiller et président non exécutif des activités internationales auprès de la banque d’affaires internationale Goldman Sachs en demandant que le Collège prenne position en application de l’article 245 du TFUE.

Ce même jour, nous avons également envoyé un courrier à M. Barroso lui demandant de revenir sur sa décision pour des raisons relevant de la morale et de l’éthique.

De même, il est inutile de mentionner à nouveau les réactions outrées de la presse européenne ainsi que la prise de position très claire du médiateur européen que nous saluons.

Néanmoins, au-delà des réactions et des pressions externes, il est essentiel que notre institution rassure son personnel et les citoyens quant à sa capacité de réaction et démontre qu’elle est capable de prendre pleinement en charge ce dossier.

A cet égard, nous saluons votre prise de position, sur le recrutement de M. Barroso, lors de l’émission les « 4 vérités » du 25 juillet 2016 sur France 2 lorsque G. Bornstein vous a demandé « Est-ce que ça vous choque« , vous avez répondu  » Je ne l’aurais pas fait » même si vous avez déclaré que  » Monsieur Barroso a respecté toutes les procédures qui sont prévues » (référence à l’art 1.2 du code de conduite des commissaires).

Monsieur François Hollande, Président de la république française, a également condamné fermement la décision de M. Barroso la qualifiant de « moralement inacceptable » dans son interview annuelle donnée lors de la fête nationale du 14 juillet.

Entre temps, une pétition en ligne  » Pas à notre nom » adressée aux présidents des trois Institutions a été lancée par un collectif de collègues et a, à ce jour, déjà recueilli près de 4000 signatures.

A cette occasion, les collègues ont dénoncé ce nouvel exemple de « pantouflage irresponsable, très préjudiciable aux institutions communautaires et, bien que pas illégal, moralement malhonnête ».

Dans ce contexte, ils demandent  de « ne pas se limiter à constater que Monsieur Barroso a quitté ses fonctions il y a plus de 18 mois » mais de « faire examiner dans le détail et de manière transparente le respect par Monsieur Barroso de ses devoirs d´honnêteté et de délicatesse vis-à-vis de l’Union européenne » et, le cas échant, « prendre des sanctions fortes et exemplaires contre José Manuel Barroso, telles que la suspension de ses indemnités de retraite et de tous ses titres honorifiques éventuels liés aux institutions européennes ».

De plus, ils demandent à « renforcer les règles d’éthique et de lutte contre le pantouflage applicables aux anciens Membres de la Commission, en proportion du préjudice que leur comportement futur peut faire peser sur la fonction publique européenne et l’Union européenne« .

R&D soutient avec conviction cette pétition qui a déjà reçu un écho favorable dans la presse comme étant la preuve de la sensibilité éthique du personnel de nos institutions.

Cette démarche répond à la demande faite par Madame Kristalina Georgieva, Vice-présidente, au personnel de s’exprimer et de s’engager activement aussi sur des thèmes politiques dépassant le simple cadre du travail.

Néanmoins, il ne suffit pas d’inviter les collègues à s’exprimer. Il est essentiel de donner une suite adéquate aux opinions exprimées en prenant en compte, dans les faits, la voix du personnel.

Compte tenu de ce qui précède, nous réitérons toutes les demandes formulées dans notre courrier du 12 juillet tant en ce qui concerne les mesures à adopter pour ce cas de pantouflage inacceptable que l’urgence d’adapter les règles en la matière qui se sont avérées absolument inadéquates et ce, au vu du manque de sensibilité et de retenue plus que regrettable dont M. Barroso a fait preuve.

Cristiano SEBASTIANI,

(Signé)

Président

 

Copie:          Le Collège des Commissaires

                        Le Personnel de l’Institution