Le « Leading by example » en matière de bureaux 

« suites de luxe » pour quelques-uns,

« pièces en sous-sol » à partager pour le reste du personnel ?

Conférence du mardi 25 avril de 13h00 à 14h30

La lutte des places: études des comportements des top-managers pour maintenir leur privilège spatial – Delphine Minchella, Sébastien Bourdin

Delphine MINCHELLA

  • Auteur de : « Les entreprises à l’heure du flex-office , contexte, enjeux, vécus », l’Harmattan et « Espaces de travail, nouveaux usages et nouveaux enjeux », Dunod
  • Enseignant-chercheur rattaché au Métis Lab
  • Docteur en sciences de gestion (Paris-Dauphine)
  • Directrice académique à EM (Ecole de Management) de Normandie (FR)

Sa thèse de doctorat portait sur le rôle de la spatialité dans les changements managériaux

2023: en collaboration avec Bourdin, S, ‘La lutte des places : étude des comportements des top-managers pour maintenir leur privilège spatial’, Revue Internationale de Psychosociologie et de Gestion des Comportements Organisationnels (RIPCO)

Entre justice spatiale et privilège spatial : quels sont les enjeux de la place de chacun au travail ? 

Qu’il s’agisse d’un bureau individuel, d’une place dans un open-space ou d’une solution non-territoriale dans une logique de Hot-Desking, l’espace de travail qui nous est attribué matérialise le contrat qui nous lie à l’entreprise pour laquelle nous travaillons, et rend compte – de manière tangible – de la place que l’on occupe en son sein.

Outre les considérations de confort et d’usage, ces places véhiculent une importante charge symbolique qui permet d’apprécier instantanément l’influence de chacun dans l’organisation.

Cette notion de place fait également écho aux jeux de proximité et de mise à distance qui s’opèrent lorsqu’il est question de choisir la localisation de chacun.

Dans l’ensemble de ces arbitrages, les individus, toujours en quête d’un traitement équitable, chercheront la justice spatiale, quand d’autres lutteront pour maintenir leur privilège spatial quitte à ce que cela soit contre les intérêts mêmes de l’organisation… 

Contrairement à ce qu’on essaie de faire croire, l’organisation de l’espace de travail pour les managers est loin d’être un détail insignifiant.

Les études dans ce domaine ont toujours confirmé afin que les changements de culture à l’intérieur d’une organisation soient crédibles,  qu’il est nécessaire d’impliquer des mesures symboliques et significatives, comme l’abolition de toute dimension hiérarchique dans l’organisation des bureaux.

En particulier, dans des organisations basées sur la « culture de la surveillance et de la peur », le pouvoir hiérarchique se transpose directement dans la taille, le nombre de fenêtres et le mobilier du bureau.  Par exemple, le manager le plus puissant dispose d’un bureau d’angle à part, suffisamment spacieux pour faire voler un cerf-volant, le tout conçu pour décourager quelqu’intrusion que ce soit de la part de ses subordonnés.

En conséquence, évoluer vers une véritable « culture de la confiance » comme prôné à très juste titre par le Commissaire Hahn impose aussi des mesures symboliques concernant l’organisation des bureaux et demande que l’on se concentre sur la disponibilité, la transparence et l’abolition des hiérarchies physiques.

Pour l’organisation des espaces de travail, c’est comme pour les marchés, « la transparence conduit à l’équité ».

À cet égard, nous saluons tant la Directrice générale de la DG HR que le cabinet du Commissaire Hahn d’avoir parfaitement saisi le sens du « leading by exemple » en acceptant de se soumettre à leur tour à l’organisation des bureaux envisagés pour le reste du personnel.