Note à l’attention de Mme Georgieva
Vice-Présidente de la Commission
Objet: Décision d’octroyer une prime supplémentaire aux Chefs de Représentations et leurs adjoints dans les EM
C’est avec grande stupéfaction que R&D a appris que la DG COMM vient de décider, en l’absence de tout dialogue social, d’octroyer une prime d’environ 1000 € par mois aux chefs de représentations, chefs de représentations adjoints, chefs de représentations régionales, chefs de secteurs, responsables des relations avec la presse, rapporteurs politiques… affectés auprès des représentations dans l’UE, pour leurs frais de bouche destinés à entretenir leurs relations « diplomatiques » ! De plus, et exclusivement pour les bénéficiaires de cette indemnité, l’institution prendra également à charge une partie des frais de logement.
Ce qui représente la coquette somme de 2,6 millions € par an. Pour compenser cette dépense supplémentaire, la DG BUDG a imposé de supprimer 20 postes ailleurs (sic!).
Cette décision plus que « généreuse » a été soi-disant justifiée afin d’améliorer l’attractivité de ces postes.
Or, en période de vache maigre, de réduction des effectifs et de gels des salaires, cela fait vraiment deux poids, deux mesures et ceci appelle les commentaires suivants de R&D.
D’une part, pour résoudre les difficultés concernant l’attractivité de ces emplois le SG, la DG COMM et la DG HR auraient pu utilement commencer par améliorer la transparence et la crédibilité des procédures de nomination et de rotation pour ces postes.
En effet, les collègues ont perdu toute confiance en ces procédures qui semblent être gérées sur des bases purement politiques avec les résultats systématiquement bien connus à l’avance! Des postes de chefs de représentations parmi lesquels Paris, Madrid, Rome sont vacants depuis plusieurs mois, voire depuis plus d’un an, et font l’objet d’intérim. Des esprits malveillants pourraient croire que ces postes sont en attente de l’atterrissage de quelques parachutistes…
D’autre part, il est pour le moins surprenant de constater l’écart entre la générosité de cette décision et l’austérité imposée, par notre institution, aux catégories les plus faibles du personnel.
En particulier, comment ne pas partager la colère et même le dégoût de nos collègues Agents Locaux travaillant dans ces mêmes représentations à qui, au nom de l’austérité, on refuse toute compensation pour le passage aux 40 H, alors que cette indemnité si généreusement offerte à l’encadrement correspond à la moitié de leur salaire mensuel?
De plus, comment concilier cette mesure avec les attitudes plus que restrictives défendues par la DG HR, par exemple dans la gestion du dossier concernant nos collègues post 2004, dans la concertation en cours sur les DGE pour les Agents contractuels? Dans ce dossier, plutôt que d’améliorer les conditions de nos collègues, l’administration vise avant tout à dégager des économies. Et en ce qui concerne les discussions sur nos collègues au Luxembourg dont le salaire est inférieur au minimum légal, l’administration ne propose qu’une indemnité de quelques euros (sic!),
Il est de plus en plus clair que nous assistons à la mise en place d’une fonction publique européenne à deux vitesses avec une élite politisée, à laquelle tout est permis et garanti en termes de recrutements, nominations, promotions et autres bénéfices et le reste du personnel qui subit des économies souvent de bouts de chandelles.
Dans ces conditions, il n’est pas utile d’attendre les résultats de chaque Staff Survey pour constater, une nouvelle fois, la démotivation croissante de notre personnel.
Démotivation qui ne peut que croître si, après de belles paroles, ne suivent pas dans les faits de véritables changements en termes de pratiques.
Compte tenu de ce qui précède et ayant apprécié les efforts que vous déployez ainsi que les engagements politiques que vous avez pris afin assurer une application plus équitable des procédures en matière de gestion du personnel, ainsi qu’afin assurer le respect du dialogue social dont vous avez la responsabilité politique, nous voudrions connaître votre appréciation concernant :
1) l’opportunité de la décision adoptée par la DG COMM et votre jugement concernant la procédure suivie pour son adoption excluant tout dialogue social ;
2) le caractère « acceptable » et « raisonnable » de la décision de supprimer 20 postes pour financer l’octroi d’une telle indemnité ;
3) les mesures devant être mises en œuvre pour résoudre cette fois-ci, de manière digne et équilibrée, les problèmes d’attractivité incontestables rencontrés pour bien d’autres postes et profils compte-tenu de la dégradation progressive des conditions offertes, en raison des réformes et des décisions successives.