Mardi, 31 mars 2020
PANDÉMIE DE CORONAVIRUS
En cette période d’urgences sanitaire et économique,
R&D appelle la Commission européenne à redevenir le véritable moteur de l’intégration européenne et à jouer un rôle clé dans cette crise
Madame la Présidente von der Leyen,
R&D, le plus grand syndicat représentant le personnel des institutions de l’UE, des Agences exécutives et décentralisées ainsi que d’autres organismes de l’UE, suit avec une grande inquiétude le débat sur la manière de lutter efficacement contre la pandémie de coronavirus au niveau de l’UE.
Dans toute l’Union, les gouvernements ont pris des mesures audacieuses pour empêcher la propagation du virus.
D’ores et déjà, des milliers de personnes ont perdu la vie dans cette bataille.
Le confinement a radicalement changé la vie de tout un chacun à bien des égards et sous toutes les latitudes.
Pour n’en citer que quelques-uns: les écoles, les universités et les offices publics sont fermés, les événements culturels et sportifs ont été reportés et les magasins, restaurants, grandes usines, PME, travailleurs indépendants et bien d’autres sont confrontés à des défis exceptionnels qui entraîneront certainement de nombreuses faillites et un chômage sans précédent.
Et surtout, personne ne sait combien de temps cette situation va durer, ce qui est profondément déstabilisant.
Mais une chose est sûre: ce qui au départ était considéré comme une simple épidémie – et peut-être maîtrisable – devient chaque jour une urgence économique, dont les conséquences politiques et macroéconomiques sont pires que celles d’une dépression.
Par ailleurs, tous les universitaires dans les divers domaines (qu’ils soient interventionnistes ou prônant une approche plus libérale de laisser-faire) sont unanimes: chaque État membre n’est pas en mesure de régler seul la crise de COVID-19.
Il va sans dire qu’un réveil collectif doit émerger et plus que jamais l’UE, et en particulier la Commission européenne, doivent jouer un rôle clé dans cette crise, agissant à nouveau comme le véritable moteur du processus d’intégration européenne.
En tant que personnel des institutions de l’UE, nous avons longtemps gardé le silence ces dernières années lors des différentes crises qui ont constamment sapé la crédibilité de nos institutions: la récession de 2008 et la crise de la dette souveraine qui a suivi, sans parler de la crise des migrants ou du Brexit.
Toutes ces crises auraient dû être considérées comme des signaux d’alarme et l’occasion de montrer que les leçons avaient été apprises.
Mais est-ce que toutes les mesures ont été prises pour inverser ce déclin inévitable? Non, nous ne le pensons vraiment pas!
La preuve, c’est que le sentiment europhobe n’a cessé de croître dans toute l’Europe (et il continue d’augmenter en ce moment même) en raison de la perception parfois pas tout à fait erronée que «Bruxelles est plus intéressée à vérifier les virgules et les chiffres plutôt que de se soucier vraiment de la vie des ses citoyens ».
Alors que dans notre continent de paix et de prospérité, l’anticipation de la menace n’existait plus dans la conscience européenne, elle se révèle aujourd’hui comme une énorme faiblesse.
Le court-termisme de la performance économique a supplanté la vision et l’anticipation à long-terme et a éliminé la dimension stratégique de l’existence politique.
Un réveil collectif est plus que nécessaire aujourd’hui: la Commission, en particulier, et les institutions européennes, en général, jouent un rôle essentiel, sinon leur survie, dans cette prise de conscience.
Des mesures rapides et décisives doivent être prises dans ces temps pour démontrer que la solidarité à l’échelle de l’UE prend la forme d’une proposition de budget de l’UE conséquente, d’un changement du mandat de la BCE, de nouvelles formes de politique monétaire non conventionnelle ou de toutes ces propositions ensemble ou dans un séquençage intelligent.
Ne pas le faire n’entraînera aucun autre réveil pour le rêve des Pères fondateurs, mais sonnera le glas de la construction politique la plus ambitieuse de l’histoire de l’humanité.
La mauvaise pièce de théâtre rapportée par tous les journaux lors du dernier Conseil européen, où certains États membres ont agi comme «les meilleurs élèves de la classe» pensant que la pandémie de COVID-19 est le problème de ceux qui souffrent le plus, a consterné l’opinion publique.
Cela ne peut plus être toléré notamment par l’institution, qui devrait être la gardienne des traités et le moteur de l’intégration européenne et des politiques communes, y compris de notre politique étrangère et de sécurité!
Le show a été tellement pathétique que même une personnalité qui se retient d’intervenir dans le débat public, à savoir l’ancien président français de la Commission européenne Jacques Delors, a ressenti le besoin de déclarer: «Le manque de solidarité fait courir un danger mortel à l’Union».
Plus que jamais, R&D appelle à une véritable solidarité européenne et donc:
- – vous appelle, en tant que Présidente de la Commission européenne, ainsi que le Collège, à coordonner immédiatement toutes les actions dans le domaine de la santé pour éviter que le nombre de morts n’augmente, non seulement dans les domaines critiques de la logistique et des mesures restrictives essentielles, mais également en ce qui concerne les initiatives visant à utiliser de nouveaux moyens thérapeutiques. Certaines actions, comme le stock commun de matériel médical, vont dans le bon sens mais nous demandons beaucoup plus.
- – vous appelle, en tant que Présidente de la Commission européenne, ainsi que le Collège, à travailler main dans la main avec le Parlement européen et à trouver une solution aux goulets d’étranglement qui ont émergés lors du dernier Conseil européen et qui sont profondément honteux, et ceci encore plus rapidement que dans le délai de deux semaines. Nous appelons pour que des mesures supplémentaires soient mises en place incluant une garantie européenne et un fonds supplémentaire dédié à l’urgence sanitaire, la recherche, l’aide sociale et la relance économique.
- – vous appelle, en tant que Présidente de la Commission européenne, ainsi que le Collège, à intervenir avec la conviction qu’agir dans l’intérêt de l’Union est plus que jamais une formule loin d’être simple et vide de sens.
- – vous appelle, en tant que Présidente de la Commission européenne, ainsi que le Collège à agir de concert avec tous les représentants politiques de l’UE ainsi que le personnel de l’UE afin de défendre l’intégration européenne par la solidarité, le dialogue, la compréhension mutuelle et le soutien entre les pays européens.
Pour R&D FEDERAL,
Cristiano Sebastiani, R&D Commission, Agences exécutives et décentralisées, autres organismes de l’UE
Beatrice Postiglione, R&D Conseil
Pasquale Ciuffreda, R&D Parlement européen
Oren Wolff, R&D CESE
Dimitrios Katsanidis, R&D CdR et CESE
Copie:
D. Sassoli, Président du Parlement européen
C. Michel, Président du Conseil européen
Le Collège des Commissaires
Le personnel