Les chefs de trois principaux groupes politiques du Parlement européen ont prévenu jeudi qu’ils n’acceptaient pas le projet actuel de service diplomatique de l’UE, brandissant la menace d’opposer un veto à sa création.
« Un danger de retour en arrière plane sur l’Union européenne qui tournerait ainsi le dos à ce qui a fait la clef de son succès: (…) la promotion d’un réel intérêt commun », estiment le conservateur Joseph Daul, le socialiste Martin Schulz et le libéral Guy Verhofstadt.
Le projet, tel qu’il est discuté à l’heure actuelle, « consacre le retour à l’inter-gouvernementalisme » en Europe, c’est-à-dire la gestion des affaires européennes par les Etats, dénoncent-ils. Ils somment les Etats et la Commission européenne » d’entamer de vraies négociations avec le Parlement », en se disant prêts « à employer tous les moyens » pour imposer leurs vues.
Le Parlement voit depuis longtemps d’un mauvais oeil les premières moutures du projet de création de ce service inédit qui regroupera plusieurs milliers de fonctionnaires censés mieux représenter l’UE dans le monde et y porter sa voix. Les eurodéputés reprochent notamment à la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton de vouloir accorder une trop grande influence aux Etats sur des pans entiers de politiques jusqu’ici du ressort exclusif de la Commission européenne, notamment en matière d’aide au développement et de politique de voisinage.
Ils ont également critiqué l’organigramme. Le projet fait actuellement l’objet de négociations entre Mme Ashton, la Commission et les représentants des 27 Etats à Bruxelles.
Théoriquement, le Parlement européen ne dispose d’un droit de veto que sur l’aspect budgétaire et celui relatif au statut des personnels du service, et non sur son organisation proprement dite, sur laquelle il n’a qu’un pouvoir consultatif. Mais ses négociateurs souhaitent conclure un accord global et brandissent la menace d’un veto.
Lors d’une réunion lundi prochain à Luxembourg, les ministres européens des Affaires étrangères pourraient donner leur feu vert à l’architecture générale du futur service.