Au moment où la construction européenne
aurait le plus besoin d'une fonction publique
indépendante, compétente et permanente, les attaques
contre elle se font plus fréquentes et plus dures.Un ensemble de causes, parfois contradictoires,
a créé une coalition hétérogène d'Etats membres
contre la fonction publique européenne.
- Les Etats membres, qui disposent
d'un service public national compétent, sont
prêts à remplacer la fonction publique
européenne par des fonctionnaires nationaux.
- Les pays d'accueil des
institutions voient dans la privatisation de
certains services une source importante de
nouveaux emplois "locaux".
- Un ensemble d'autres Etats membres
notamment du Nord ont une vision de l'Union
européenne qui est plus proche de celle d'une
zone de libre échange.
La fonction publique est attaquée de
l'extérieur (campagnes de presse, réduction du budget,
par exemple), mais aussi de l'intérieur
(déstabilisation du dialogue social, "choix"
de la part de l'administration de ses interlocuteurs
sociaux, privatisation de certains services, parachutages
de l'extérieur à tous les niveaux, augmentation du
personnel qui, sans statut, travaille intra et extra
muros, etc.).
LES ORIGINES DE LA DERNIERE
ATTAQUE
- Le 18 mars 1998,
lors de la concertation politique (stade le plus
avancé dans le processus du dialogue social), le
Commissaire Liikanen avait déclaré ignorer
lexistence dun groupe chargé de modifier
le Statut des fonctionnaires européens.
- Le 26 mars 1998,
R&D a diffusé le compte-rendu, émanant des
services de la Cour de Justice, de la réunion du
16.3.98, où il était clairement indiqué que le
fonctionnaire de la DG IX, M. Caston, avait déjà
proposé un «squelette» de modifications du Statut [rémunération
partiellement (30%) liée aux mérites ; pour
les 10% de fonctionnaires «underperforming», mise
en place des mécanismes permettant leur
licenciement ; réductions drastiques des
allocations et indemnités, etc.] devant
entrer en vigueur le 1er janvier 2000. Le
président Santer, le Commissaire Liikanen et le
Secrétaire général Trojan auraient donné un
accord de principe sur ce «squelette».
- Le 3 avril 1998,
le Commissaire Liikanen a réuni les représentants
du personnel afin dapaiser les craintes
causées par la diffusion de ce compte-rendu.
- Le 3 avril 1998,
ayant unanimement constaté que ni
les conditions de rétablissement de la confiance
réciproque, ni celles de la dissipation du climat de
méfiance envers le Commissaire Liikanen et surtout
du responsable de la DG IX nétaient réunies, les
syndicats ont déposé un préavis de grève
à titre conservatoire.
- Le 3 avril 1998,
le Directeur général du personnel a diffusé un
message via route 400 qui confortait totalement la
méfiance des syndicats, en reconnaissant pour la
première fois lexistence du groupe «Caston».
- Le 6 avril 1998,
le Directeur général en question, se rendant compte
du double langage tenu, était encore une fois
obligé de faire une communication au personnel via
route 400. Il a aussi rendu disponible le rapport
"Caston-Smidt".
LES RÉACTIONS DU PERSONNEL
- Le 22 avril 1998,
s'est tenue lAssemblée générale du
personnel la plus suivie (plus de 3.000
personnes selon les sources officielles de
l'Administration).
- Le 30 avril 1998,
il y a eu une journée de grève des fonctionnaires
à la Commission, suivie à plus de 90% et,
contrairement au mouvement de grève de 1991, qui a
permis de préserver la méthode; le personnel n'a pu
compter que sur ses propres forces.
- Le 8 mai 1998, les syndicats et la
Commission arrivent à un protocole daccord
dans le cadre de la conciliation qui a suivi la grève.
- Le 27 mai 1998, trois Organisations
Syndicales et Professionnelles (parmi lesquelles R&D) ont soumis
à l'approbation de l'Assemblée Générale (AG) l'accord atteint sur le
protocole avec la Commission; l'AG a approuvé une résolution de soutien.
- Le 4 juin 1998, les trois
autres OSP, qui ont signé ce même protocole sans
attendre l'AG, ont organisé une AG qui les a
désavoué complètement.
- Le 8 juin 1998, R&D écrit au Commissaire Liikanen en
lui faisant les propositions suivantes pour ce qui
concerne le groupe de réflexion
(1) prévu par le protocole d'accord :
- le Président, à choisir d'un
commun accord, doit être une personnalité
politique d'envergure qui connaît la
fonction publique européenne.
- Il doit y avoir trois membres
de chaque côté (personnel et
administration) sans être, pour ce qui
concerne les représentants du personnel,
lexpression directe des organisations
syndicales et professionnelles (OSP), mais
donnant toutes les garanties de compétence
et dattachement à la survie de la
fonction publique européenne.
- Le 24 juin 1998,
la Commission confirme la nécessité d'un lancement
rapide des travaux du groupe. Elle approuve (sans
commun accord) la désignation de M. WILLIAMSON
comme président du groupe et décide de fixer à 5
le nombre des membres de part (OSP) et d'autre
(Administration). Cette décision aboutit à la
situation absurde selon laquelle certains partenaires
sociaux, qui ont participé à la négociation du
protocole, sont exclus de la réflexion.
- Le 23 juillet 1998, le Groupe Paritaire
de Réflexion sur la politique du personnel a adopté un rapport intérimaire.
(ver. Word 6)
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